Lamentations de Jérémie

"Moi, Jérémie, j'ai le coeur serré. Il n'y a pas de remède pour guérir mon chagrin..."

C'est ce passage des "Lamentations de Jérémie" qui m'a, en toute humilité, inspiré, dira laconiquement le compositeur. Et son tableau sonore s'inspire en puissance de cette déclaration poignante, trahissant le désarroi profond de celle ou de celui qui se trouve confronté au désespoir.

Les voix disparates des cordes émergent imperceptiblement du silence dans un mouvement bruissant de fines sonorités qui s'amplifient parfois un peu. Puis les murmures fusionnent, créent un élan collectif dramatique qui aboutit à des fortissimi dont la brutalité résonne parfois dans un silence explosif, parfois dans un decrescendo de soumission, avant que les lamentations ne reprennent, jusqu'au dernier souffle.

Cette oeuvre de sept minutes composée en l'an 2000 est faite de cette même sobriété intense et dramatique qui caractérise toute la production de Jean-Claude Schlaepfer.

Les "Lamentations de Jérémie", orchestrées pour 14 cordes (8 violons, 3 altos, 2 violoncelles et une contrebasse) est un chef-d'oeuvre délicat, dont la modernité d'écriture colle à notre époque tumultueuse.